• Sem21-Règle et liberté, cadre et créativité : L'art du Kimono

    Parées en geisha, Kyoto

    Règle et liberté, cadre et créativité : L'art du Kimono

    Les facettes des arts japonais sont multiples et je ne connaissais pas les kimonos japonais ni ne m’y intéressais particulièrement. C’est donc par hasard, que je suis arrivé dans une exposition sur les tissus japonais et les kimonos anciens (musée Yayoi, un endroit charmant proche de Ueno que je vous conseille – métro nezu). Je parcourais donc cette exposition, sans réellement m’y intéresser, jusqu’à ce que j’aperçoive deux jeunes visiteuses japonaises arrêtées devant l’un de ces kimonos, en pleine discussion, remplies d’admiration. Cela provoqua un déclic,  dégrossissant un peu ma vision esthétique : pourquoi ce kimono particulièrement ? N’était-ce pas un kimono comme un autre ? La forme n’était-elle pas ce standard classique sans grande variation ?

    A kyoto au moment de la Fête des fleurs (avril)

    Règle et liberté, cadre et créativité : L'art du Kimono

     Cette nouvelle clarté a immédiatement fait le lien avec d’autres facettes entrevues sur la culture japonaise. Je me suis d’abord aperçu, en réexaminant cette exposition, qu’il n’existait pas de ‘kimono comme un autre’. Simplement cela n’existait pas : chaque kimono était ici unique. Où se situait donc la créativité, dans cette forme standard ? Oui la forme est sans doute standard, composée de manière basique de morceaux de tissus rectangulaires pour le corps du kimono (mes propos sont très limités à ce que j’ai observé, encore une fois je n’ai aucune culture en la matière ; mais il reste intéressant de prendre conscience de ce qu’éveille ce simple regard de néophite). Cette forme fournit un cadre, qui ne semble pas soumis à la créativité. Un cadre qui semble donc inamovible : la base carrée à partir de laquelle construire. Et c’est à l’intérieur de ce cadre, dans le respect de ce cadre, que l’œuvre et l’esprit du créateur pourra s’exprimer. Chaque kimono est un tissu à part entière qui semble n’exister que de manière éphémère pour cette œuvre et pour nulle autre. Chacun de ces tissus constitue une œuvre unique, un équilibre très particulier dans le choix des assemblages de formes et de couleur, dans le dessin qu’il soit réaliste ou abstrait et dans la manière dont il habillera la femme qui le portera. Les vides et les pleins, les moindres détails en correspondance mutuelle, la finesse extrême de certains tissages : tout concourt à un raffinement profond, fruit d’un langage artistique à la fois libre et très éduqué. Le kimono créé une émotion esthétique inattendue.

     Kyoto, Fêtes des Fleurs 2016

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    On peut aussi relever que la beauté féminine n’est pas relevée ici de la même manière qu’en occident. A la grande époque des kimonos les plus soyeux, la soie avait aussi envahi les cours royales européennes. Les corsets les plus resserrés permettaient alors de faire ressortir, avec moultes jupons, la rondeur des hanches, alors que les poitrines remontées s’affirmaient avec des décolletés n’ayant d’égale que l’échancrure offrant la blancheur du dos à qui s’y intéresserait. Rien de tout cet affichage et de toute cette extériorité dans le kimono japonais. Encore une fois, la forme est unique et standard. Elle enveloppe le corps féminin des épaules aux pieds dans un tombé qui efface les rondeurs et les formes, pour dessiner la verticalité du mouvement. Plutôt que de tout extérioriser, le raffinement du tissu souligne la beauté intérieure en l’enveloppant d’une protection qui conserve le mystère.

     Le mystère reste à découvrir…

     

    Règle et liberté, cadre et créativité : L'art du Kimono

    Les kimonos conservent à ce jour non seulement leur forme inamovible, mais aussi l’amour que leur portent les japonaises. J’ai cru un moment que cela concernait surtout de Kyoto, cette grande dame qui veille sur les traditions ; mais Tokyo n’est pas en reste, dès que l’occasion se présente. La culture orientale reste bien vivante….

     Tokyo, démonstration Yabusame

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    Dans l’Aïkido, le cadre nous est fourni notamment par le Reïgisaho. C’est dans le respect de ce cadre que peut se construire et s’exprimer la créativité du Budoka.

    Semblable au Kimono, le tatami du Dojo est, lui-aussi, rectangulaire, composé également de rectangles plus basiques. En entrant sur le tatami l’enseignant suit et marque par son déplacement cette forme de base. C’est le symbole à la fois de la matérialité (le corps) et du cadre de base à partir duquel nous étudions et construisons progressivement notre liberté (éduquer l’esprit). Ce cadre rectangulaire est le lieu de l’éducation : sur le tatami tout reste simple, même si l’étude technique nous pose souvent quelques difficultés…Par contre, dès que l’on sort du Dojo il n’y a plus de ligne ou de cadre bien tracés : vivre l’Aïkido au quotidien est autrement plus complexe. Quand la frontière entre Dojo et quotidien s’évanouit, alors peut-être tout devient-il finalement plus simple ?

    Takao-San, Moines Bouddhistes

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  • Commentaires

    1
    genevieve
    Samedi 4 Juin 2016 à 14:16

    Kimono est sans doute le mot japonais le plus connu à travers le monde. Les kimonos pour femme sont très variés et codifiés aussi selon le statut de la femme, sa richesse...accompagnant le kimono l'obi qui peut être somptueux et se nouer de différents manières.

    http://www.mitateplus.net/en%20savoir%20plus/costume/histoire.html

    le vêtement occidental est apparu tardivement au Japon...

    Dans les films de Ozu, on découvre de magnifiques kimonos.

     

     

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