Les cerisiers sont en fleurs !

C’est cette semaine !

C’est là…

Les cerisiers sont en fleurs !

Les cerisiers sont en fleurs et toute l’énergie du japon en est ravivée.

Les japonais aiment vraiment les fleurs, notamment celles des cerisiers. Tout se met à vibrer, les oiseaux s’en donnent à cœur joie, semblant profiter aussi des frais boutons des cerisiers, les familles se retrouvent, elles sortent au soleil…et, surtout, elles font hanami ! Ces pique-niques installés sous les arbres réunissent des milliers de personnes. C’est le matsuri du printemps, l’occasion de mélanger les bulles individuelles de chaque famille.

 Hanami au Parc Ueno

Charmant…mais tout de même surprenant, voire un peu déconcertant, pour le regard occidental. Certes ces cerisiers japonais qui ne donnent pas de fruits autres que leurs fleurs, sont des arbres d’une vitalité puissante, qui déploient un tapis éphémère très joli d’une douce blancheur mélangée de rose. Mais, l’occidental reste un peu extérieur à tout cela, surpris par ce côté à première vue assez désuet…

 Sortir des grandes foules, marcher un peu dans les quartiers extérieurs, dans un contact plus quotidien avec la vie de ces familles ou de ces couples change cependant le regard.  Ces retraités, pourtant rompus à l’arrivée des cerisiers, qui s’extasient devant le bouquet d’arbres : ils savent y trouver une beauté profonde qui fait écho intérieurement ; sur leur visage se lit un vrai plaisir de la relation avec la nature. Ces jeunes de 20 ou 30 ans qui se baladent téléobjectif à la main et s’arrêtent ici ou là pour photographier une fleur ou bien un oiseau qui la picore, témoignent de la transmission de ce plaisir entre les générations. Ces familles qui sortent de leur cercle habituel et réunissent leurs marmots en profitent pour de vraies rencontres.

Tous ces éléments semblent témoigner d’une vraie facette culturelle. Au-delà des jolies fleurs, se manifeste cette capacité profonde au plaisir simple de l’instant et de l’éphémère symbolisé par cette rapide floraison ; cette capacité profonde au plaisir du contact avec la nature qui met en vibration l’essence des choses. Derrière la fleur, les japonais semblent percevoir autre chose, à la fois cette énergie jaillissante et puissante du printemps que l’on peut aussi libérer en soi, à la fois cette nécessité de la joie de l’instant présent, à la fois cette relation à l’essence de la vie par l’intermédiaire de la nature. Bien sûr eux-mêmes ne se posent pas ces questions : cela s’inscrit dans leur histoire, leur éducation, leur culture. Mais, ce qui me semble de plus en plus particulier à cette culture (et peut-être pas si facile ni à percevoir ni à rencontrer) c’est ce regard et ce chemin tournés vers l’essence des choses : un regard jamais appuyé, jamais ostentatoire, jamais démonstratif ; mais une exigence d’intériorité qui se manifeste plus clairement chez les plus anciens et qui me semble donner sens à bien des facettes…notamment le hanami du printemps.

 Le quartier de Yanaka, protégé des grands immeubles, constitue une alcôve préservée des bombardements et tremblements de terre qui témoigne de la ville ancienne.

La nature reste présente au quotidien dans cette mégapôle d’acier et de béton. Entre 3 tours en gratte-ciel vous aller vous arrêter devant un petit sanctuaire shintô, bien modeste peut-être mais toujours avec un arbre, de l’eau qui coule, un petit jardin oriental. Le temps de vous reconcentrer et de retrouver en 30 secondes, sans jamais s’y attarder, le sentiment des choses essentielles. Sortant du quartier des affaires à Tokyo à mi-journée, il m’est arrivé de tomber dans un jardin public de verdure sur cet homme en costume/cravate qui, le temps d’une pause sortait sa flute japonaise de grande dimension. Là aussi se retrouver en lui-même ? Ou encore, là aussi dans un parc arboré, ces deux femmes, d’une cinquantaine d’année, sortir leur shinaï et se concentrer sur une pratique simple mais intense d’exercices de kendo.

 Passages de verdures au coeur de Tokyo. Quartier de Shinzuku puis de Yanaka.

Bien des zones du Japon offre une nature splendide et protégée, mais la nature est aussi présente dans bien des endroits très quotidiens même au sein d’un urbanisme des plus denses.

Et puis, il y a les jardins japonais....

Peut-être, plus qu'ailleurs encore, la nature est-elle un élément à part entière aussi de la culture, un lien avec l’écho de choses profondes. Le shintoïsme, bien que relayé par beaucoup au rang d’histoire ancienne, se fonde dans le rapport à la nature. Cette histoire est-elle vraiment uniquement ancienne ?

Jardin Shiba-Rikyu au coeur de Tokyo